Le financement de la formation professionnelle en 2025 connaît un tournant. Entre la réduction des aides publiques, le recentrage des dispositifs sur les formations stratégiques et l’instauration progressive du co-financement, les entreprises doivent repenser leur approche.
En effet, avec un budget resserré et des critères d’éligibilité plus stricts, comment continuer à former efficacement ses collaborateurs ? Quels dispositifs restent accessibles et comment optimiser le financement de la formation en 2025 ? Nous vous proposons un décryptage complet des évolutions majeures du financement de la formation en 2025 afin que vous ayez toutes les clés pour adapter votre stratégie.
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Un financement de la formation sous tension : quelles évolutions législatives ?
En 2025, la formation professionnelle est soumise à des restrictions budgétaires significatives. Le Projet de Loi de Finances (PLF) et le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) introduisent plusieurs mesures. Les conditions d’accès aux financements publics sont redéfinies :
- Moins d’aides pour l’apprentissage,
- co-financement du CPF,
- et priorisation des formations jugées essentielles.
Moins d’aides pour l’apprentissage et un recentrage des financements
Le gouvernement prévoit une révision des aides à l’embauche des apprentis en 2025. Depuis 2020, une aide exceptionnelle de 6 000 euros était accordée aux employeurs pour chaque contrat d’apprentissage signé.
À partir du 1ᵉʳ janvier 2025, l’aide à l’embauche d’apprentis sera maintenue pour les entreprises de moins de 250 salariés. Son montant sera réduit à 5 000 €. Cette aide s’appliquera à l’embauche d’apprentis préparant un diplôme ou un titre jusqu’au niveau bac (bac+2 pour les Outre-mer) uniquement pour la première année du contrat.
Un décret attendu courant janvier 2025 pourrait rétablir une aide pour les entreprises de 250 salariés et plus. Cette aide d’un montant de 2 000 € viserait les apprentis préparant un diplôme jusqu’au niveau bac+5. Cette aide serait également versée pour la première année du contrat et soumise au respect de quotas d’alternants dans l’effectif de l’entreprise.
Autre évolution majeure : les niveaux de prise en charge des formations (NPEC) financées par les Opérateurs de Compétences (OPCO) devraient être ajustés. Pour les formations de niveau bac+3 et au-delà, la prise en charge serait réduite.
👉 Les entreprises devront assumer une part plus importante du coût des formations avancées notamment dans les domaines du management et des expertises techniques.
Le CPF partiellement payant pour les salariés
Le Compte Personnel de Formation (CPF) évolue en 2025 avec l’instauration d’un reste à charge obligatoire pour les bénéficiaires. Depuis le 2 mai 2024, toute personne souhaitant financer une formation via son CPF doit désormais participer financièrement. Ce reste à charge s’élève à 102,23 € depuis le 1er janvier 2025.
Cette mesure vise à responsabiliser les bénéficiaires et à limiter les abus. Le gouvernement a également un objectif de réduction des dépenses publiques. Toutefois, il existe des exonérations pour certaines catégories de travailleurs de cette participation :
- Les demandeurs d’emploi, pour qui l’utilisation du CPF reste entièrement gratuite.
- Les salariés bénéficiant d’un abondement employeur ou d’un financement via un accord de branche.
- Les travailleurs exposés à des risques professionnels. Ils peuvent utiliser leur Compte Professionnel de Prévention (C2P) pour financer leur formation sans reste à charge.
- Les personnes en reconversion suite à un accident du travail ou une maladie professionnelle, peuvent bénéficier d’un abondement spécifique.
Par ailleurs, le CPF continue de fonctionner avec les mêmes modalités d’alimentation. 500 € crédités par an, dans la limite de 5 000 €. Les travailleurs en situation de handicap ont 800 € par an avec un plafond de 8 000 €.
Pour les entreprises, ce changement peut avoir un impact direct sur la formation des collaborateurs. Certains salariés pourraient renoncer à se former faute de moyens personnels suffisants.
👉 Pour contourner cette limite, les entreprises peuvent anticiper en abondant le CPF de leurs salariés. Cela est possible via des accords internes ou en mobilisant d’autres dispositifs comme le Plan de Développement des Compétences.
Une logique de financement plus sélective et stratégique
Derrière ces restrictions budgétaires, l’objectif du gouvernement est de prioriser les formations essentielles à l’employabilité et aux secteurs en tension. En clair : les formations en lien avec la transition numérique, écologique et les métiers en forte demande bénéficieront d’un maintien ou d’un renforcement des financements.
👉 Les entreprises devront donc orienter leurs choix vers des formations jugées prioritaires par les OPCO et France Compétences. Pour optimiser leurs investissements, elles peuvent s’appuyer sur des bilans de compétences, des outils de GEPP ou encore des accords de branches permettant d’accéder à des financements spécifiques.
Quels dispositifs restent accessibles pour financer la formation en 2025 ?
Avec la baisse des financements publics et le durcissement des critères d’éligibilité, les entreprises doivent repenser leur approche de la formation. Plutôt que de s’appuyer uniquement sur les aides de l’État, elles doivent explorer de nouveaux leviers. Les entreprises chercheront à optimiser les dispositifs existants pour continuer à développer les compétences de leurs salariés.
Miser sur le Plan de Développement des Compétences et les financements sectoriels
Le Plan de Développement des Compétences (PDC) reste un outil central pour organiser et financer la formation des salariés. Les financements des Opérateurs de Compétences (OPCO) sont plus sélectifs en 2025. Mais certaines branches professionnelles continuent d’investir dans des dispositifs spécifiques pour soutenir la montée en compétences dans des secteurs stratégiques.
Certaines stratégies peuvent se révéler intéressantes comme :
- Prioriser les formations en lien avec les métiers en tension et la transition numérique ou écologique. Ces formations restent financées par les OPCO.
- Négocier avec sa branche professionnelle pour accéder aux fonds mutualisés. Cela permet de prendre en charge tout ou partie des coûts des formations qualifiantes.
- Anticiper les besoins et déposer les demandes de financement le plus tôt possible pour bénéficier des meilleurs niveaux de prise en charge.
Mobiliser le co-financement et les aides complémentaires
Avec l’évolution du CPF et l’introduction d’un reste à charge obligatoire, les entreprises ont intérêt à abonder les comptes de leurs salariés pour faciliter l’accès à la formation. Plusieurs mécanismes existent pour limiter l’impact financier :
- L’abondement employeur CPF, qui permet de compléter le budget d’un salarié pour financer une formation stratégique.
- Les financements régionaux, notamment via le Programme Régional de Formation (PRF), qui finance certaines formations ciblées en fonction des priorités locales.
- Les aides de France Travail et des dispositifs de reconversion collective, qui restent accessibles pour les salariés dont les métiers évoluent ou disparaissent.
Capitaliser sur la formation interne et le tutorat
Face à la réduction des aides externes, les entreprises doivent renforcer leur stratégie de formation interne pour maintenir les compétences en interne sans dépendre exclusivement des financements publics. En effet, certaines actions sont possibles comme :
- Mettre en place un système de mentorat pour transmettre les compétences clés entre collaborateurs expérimentés et nouveaux entrants.
- Structurer des modules de formation interne. Ces modules sont finançables en partie via le Plan de Développement des Compétences ou intégrés à des dispositifs de formation comme l’AFEST. Nous avons conçu un guide complet avec les modèles de grille pour analyser les formations internes, mettre en place et évaluer l’AFEST.
- Encourager l’upskilling ou le reskilling en proposant des formations courtes et ciblées qui permettent de capitaliser sur les compétences de vos salariés.
Comment optimiser sa stratégie de formation face aux nouvelles contraintes ?
Avec la réduction des aides publiques et l’évolution des financements en 2025, les entreprises doivent revoir leur approche de la formation. Plutôt que de chercher uniquement des financements externes, elles doivent s’appuyer sur des méthodes plus stratégiques et rentables.
Aligner la formation sur les enjeux de l’entreprise
Chaque action de formation répond à un besoin précis et est intégrée dans une démarche globale de gestion des compétences :
- Identifier les compétences clés à renforcer en fonction des évolutions du marché et des besoins internes.
- Prioriser les formations ayant un impact direct sur la performance de l’entreprise et l’employabilité des salariés.
- Évaluer systématiquement le retour sur investissement des formations mises en place.
- Intégrer la formation dans une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, remplacée par la GEPP.
Miser sur les ressources internes et les nouvelles approches pédagogiques
Avec un accès restreint aux financements publics, les entreprises doivent explorer des alternatives pour réduire leurs coûts tout en garantissant l’efficacité des formations :
- Développer des formations en interne en s’appuyant sur l’expertise des collaborateurs.
- Mettre en place des dispositifs de tutorat et de mentorat pour favoriser la transmission des compétences.
- Encourager le partage de savoirs entre salariés à travers des ateliers, des sessions de formation en binôme ou des groupes de travail.
- Diversifier les formats d’apprentissage en combinant formation en présentiel, e-learning et modules courts en entreprise.
- Utiliser des outils numériques pour optimiser l’accès aux formations et permettre un apprentissage plus flexible et individualisé.
Optimiser les coûts et combiner les financements disponibles
Les financements publics sont réduits, mais l’impact budgétaire sera limité en adoptant une gestion plus fine des coûts de formation.
- Mutualiser les formations en regroupant plusieurs salariés sur une même session pour réduire les dépenses.
- Négocier les tarifs avec les organismes de formation et privilégier les offres adaptées aux besoins spécifiques de l’entreprise.
- Suivre avec précision son budget à l’aide d’un logiciel de gestion de la formation.
- Mobiliser plusieurs sources de financement en combinant le Plan de Développement des Compétences, l’abondement CPF et les aides régionales.
- Intégrer la formation dans des dispositifs de reconversion ou d’évolution professionnelle pour bénéficier d’un accompagnement financier spécifique.
- Anticiper les évolutions législatives et budgétaires pour ajuster les stratégies de formation en fonction des opportunités de financement encore disponibles.
Conclusion
En 2025, le financement de la formation repose sur une approche plus sélective et stratégique. La réduction des aides publiques et l’évolution des dispositifs imposent aux entreprises de repenser leur politique de formation en misant sur des solutions hybrides.
Pour continuer à développer les compétences de leurs collaborateurs sans subir l’impact budgétaire, vous devrez à la fois optimiser les dispositifs existants, prioriser les formations à forte valeur ajoutée et renforcer les ressources internes. Par ailleurs, la mutualisation du financement de la formation 2025, le recours aux formations digitales et la structuration d’une gestion prévisionnelle des compétences seront des leviers essentiels pour garantir la montée en compétences… même en période de disette !

