En mai 2023, la France enregistrait une inflation de 5,1 % sur les prix à la consommation. Elle culminait à 5,9 % au mois d’avril. Malgré le ralentissement constaté de la hausse des prix, la situation financière des ménages français les plus vulnérables demeure préoccupante, voire dramatique. Les inflations successives ont durablement affaibli le pouvoir d’achat des habitants de l’hexagone. Il arrive alors que travailler ne permette plus de vivre dignement. Dans ces cas, difficile pour les salariés de rester impliqués et motivés dans l’exercice de leurs fonctions.
Au vu du contexte, l’augmentation des salaires semble être la solution. Elle permettrait d’accroître le pouvoir d’achat des collaborateurs, d’améliorer leurs conditions de vie, mais également de booster l’attractivité des entreprises qui peinent à recruter. Cependant, ces dernières subissent elles aussi les conséquences de l’inflation, notamment à travers la hausse des prix de l’énergie et des matières premières. Par conséquent, tous les employeurs ne peuvent pas envisager cette possibilité. Et pour autant, selon une étude OpinionWay pour Sdworks, 79 % des salariés estiment qu’il incombe aux employeurs d’aider leurs collaborateurs à lutter contre l’inflation. Voici 7 axes prioritaires en ce sens.
7 mesures pour soutenir les salariés face à l’inflation
L’alimentation
Si l’on s’en réfère à la pyramide de Maslow, les besoins de tous les individus sont hiérarchisés. Ainsi, tant que les besoins de bases (physiologiques) ne sont pas assouvis, les besoins de sécurité, d’appartenance, d’estime et d’accomplissement ne peuvent pas l’être. Se nourrir fait partie de ces besoins primaires, au même titre que respirer, dormir ou encore boire de l’eau. La précarité alimentaire est un fléau que l’inflation a exacerbé. Elle empêche par conséquent les individus de se réaliser pleinement dans les différentes sphères de leur vie. Une étude du Crédoc de mai 2023 dévoile des chiffres alarmants : 16 % des Français ne mangeraient pas à leur faim, les moins de 40 ans étant les plus impactés. Restriction du budget alimentaire, impasse sur la qualité des produits achetés, hausse de la fréquentation des banques alimentaires, voici les conséquences directes de l’augmentation des prix… Vous souhaitez proposer des cours de yoga à vos salariés ? Excellente idée ! Mais avant, il se pourrait qu’il y ait d’autres priorités.
Proposer des titres restaurant pour aider les collaborateurs à lutter contre l’inflation
Moins coûteux qu’une augmentation salariale, la mise en place des titres restaurant reste assurément le dispositif le plus plébiscité par les entreprises. Grâce à la participation employeur, dont le montant est équivalent à un minimum de 50 % de la valeur du titre, les salariés gagnent en pouvoir d’achat. Ils peuvent ainsi utiliser leurs tickets restaurant pour régler leurs courses alimentaires ou payer leur déjeuner au restaurant. Si vous proposez déjà les titres restaurant à vos collaborateurs, vous pouvez tout à fait envisager d’augmenter la part employeur ou encore la valeur du titre restaurant. Contrairement aux idées reçues, cette solution n’est pas réservée aux grands groupes ! Toutes les entreprises peuvent en faire bénéficier leurs salariés, peu importe leur taille, leur activité ou leur statut juridique. Alors qu’attendez vous ?
Faire livrer des paniers de fruits et légumes en entreprise
« Que ton alimentation soit ta meilleure médecine », disait Hippocrate. On ne le répétera jamais assez : une alimentation saine et équilibrée aide à rester en bonne santé. Pourtant, bien se nourrir peut vite coûter cher. Potager City fait partie des enseignes qui proposent de livrer des paniers de fruits et légumes frais de saison directement dans votre entreprise. Cette alternative, à la fois qualitative et économique, permet aux salariés de consommer des produits sains à des tarifs préférentiels. De plus, en tant qu’employeur, vous pouvez décider de financer en partie les paniers de vos salariés. Des entreprises comme Arte, la Croix rouge Française, Opinel ou encore Décathlon se sont laissées séduire ! Serez vous la prochaine ?
L’accès au logement
Premier poste de dépense des Français, le logement requiert toute notre attention. Depuis quelques années, la France connaît une profonde crise du logement. L’évolution démographique ainsi que la répartition inégale des populations sur le territoire national engendrent parfois d’importants déséquilibres entre l’offre et la demande. Alors que les propriétaires exigent des locataires de plus en plus de garanties, les logements sociaux sont saturés, et les conditions d’accès à la propriété se durcissent. Cela peut conduire à des situations de mal-logement particulièrement douloureuses et handicapantes pour ceux qui en sont victimes. En tant qu’employeur, vous avez le pouvoir d’aider vos salariés à accéder plus facilement à un logement.
Informer les salariés sur les dispositifs en vigueur
Si vous possédez un intranet, nous vous conseillons d’y déposer toutes les informations pratiques relatives à l’accès au logement en France. À défaut, le service du personnel doit pouvoir orienter les collaborateurs. N’hésitez pas à recenser l’ensemble des organismes de proximité compétents en la matière. Action Logement en fait partie, et a pour mission d’assurer le lien entre emploi et logement. Cet organisme, subventionné par la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC), finance le logement des salariés aux revenus modestes. Ce dispositif a pour vocation de les guider dans leurs projets immobiliers, qu’il s’agisse d’une location, d’un achat ou d’un investissement locatif. Par ailleurs, Action Logement propose un service d’accompagnement social gratuit particulièrement recommandé si vous êtes amené à identifier des salariés en difficulté au sein de vos effectifs.
Favoriser l’accès à la propriété
Le durcissement des conditions d’octroi de prêts bancaires ainsi que la hausse des taux d’intérêts des prêts immobiliers, laisse à penser que l’accès à la propriété est désormais réservé à une élite. Pourtant, 85 % des jeunes actifs restent convaincus qu’être propriétaire serait moins onéreux que de verser chaque mois un loyer dont ils ne reverront pas la couleur. Dans ce contexte, la jeune pousse française Virgil participe à favoriser l’égalité d’accès à la propriété pour les salariés. Adhérer au programme Talents de Virgil, c’est augmenter le budget d’achat de vos salariés, leur permettre d’emprunter au meilleur taux, mais aussi leur faire bénéficier d’un accompagnement de qualité. Pour le moment, la start-up intervient uniquement en Île-de-France. Mais patience, elle est en pleine expansion et ambitionne de couvrir prochainement tout l’hexagone !
Faciliter l’accès à la location
Les inégalités sociales et salariales contraignent les collaborateurs les plus modestes à se tourner vers la location. Malgré le déploiement de politiques publiques et de dispositifs privés, l’accès à la propriété n’est pas assuré pour tous. Lors du dépôt du dossier, il arrive que les salariés ne soient pas en mesure de présenter des garanties suffisantes aux propriétaires. Cela peut représenter un frein dans leur recherche de logement. En tant qu’employeur, vous pouvez vous porter garant pour votre collaborateur par le biais d’une caution simple ou solidaire. Le locataire peut ainsi transmettre une candidature complète et solide à son futur propriétaire, sans être contraint de solliciter ses proches.
Le moyen de locomotion
Face à l’augmentation du prix des carburants, les salariés contraints de prendre la voiture pour aller travailler voient leurs frais de déplacement exploser. Faire le plein d’essence pour toucher un salaire qui ne permet pas toujours de faire le plein d’essence… de quoi entraîner démotivation et perte de sens au travail. Mais alors, comment aider les salariés à diminuer le coût de leurs trajets professionnels ?
Proposer l’indemnité kilométrique vélo (IKV) pour aider les collaborateurs à lutter contre l’inflation
L’IKV récompense financièrement les salariés qui se rendent au travail à vélo. En plus d’économiser sur le budget essence, chaque salarié perçoit une indemnité de 0,25 € par kilomètre parcouru, pour un montant maximum annuel de 700 €. Cette somme est exonérée de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. WWF, la brasserie Galia, Orange ou encore L’Oréal ont sauté le pas et ont opté pour l’indemnité kilométrique vélo.
Prendre en charge l’abonnement de transport à 100 %
La prise en charge à 100 % du titre de transport par l’employeur encourage les salariés à laisser la voiture au garage ! Rappelons que les entreprises doivent financer les titres de transport de leurs collaborateurs à hauteur de 50%.
Favoriser le covoiturage entre collègues
Le principe du covoiturage repose sur le partage des frais de carburant. Il induit par conséquent l’augmentation du pouvoir d’achat de ses adeptes. Karos s’impose comme la référence n° 1 en matière de covoiturage domicile-travail. Par le biais de son application simple et intuitive, vos salariés peuvent organiser leurs trajets quotidiens sereinement et en toute autonomie. Convivialité et économies seront au rendez-vous ! Parmi ses clients, Karos compte l’Assistance publique des hôpitaux de Paris, la Macif, le Puy du Fou, ATR ou encore Airbus.
Les frais de télétravail
Dans le cadre du télétravail ou du flex-office, les salariés peuvent travailler de chez eux. Par conséquent, ils ont à charge certains frais professionnels qui justifieraient une participation financière de la part de l’employeur. Ainsi, une indemnité forfaitaire de télétravail et une indemnité forfaitaire liée à l’utilisation de matériels informatiques peuvent être versées aux collaborateurs concernés. Elles incluent le coût relatif à l’usage du matériel informatique, des consommables, ou encore des différents abonnements internet et téléphone.
La santé et le bien-être
Choisir la mutuelle idéale et augmenter la prise en charge employeur
Préserver la santé physique ainsi que la santé mentale des collaborateurs devrait faire partie des engagements de toute entreprise. Comparer les offres de mutuelle du marché permet de proposer aux collaborateurs une couverture santé optimale. Pour rappel, l’employeur est légalement tenu à certaines obligations en matière de mutuelle. La prise en charge à 50 % minimum de la cotisation en fait partie, tout comme la souscription à des garanties de base. Afin de donner un coup de pouce financier à vos collaborateurs, vous pouvez proposer des garanties santé de base élargies. Augmenter la prise en charge employeur reste une solution intéressante puisqu’elle diminue le reste à charge salarié.
Proposer une solution de sport
Pour rester en bonne santé, il faut bouger ! Afin de combattre la sédentarité, rien de tel que de pratiquer régulièrement une activité physique. En réalité, le coût d’une licence à l’année ou d’un abonnement à une salle de sport peut vite peser dans le budget personnel. Cela représente un luxe que tout le monde ne peut pas nécessairement s’offrir. Sachez que proposer une solution de sport aux collaborateurs présente de nombreux avantages, au-delà du fait d’alléger leurs dépenses. Vous souhaitez creuser le sujet ? Retrouvez les meilleures solutions sport dans l’article dédié à cette thématique.
L’épargne salariale
Bien que les primes ne valent pas une hausse de salaire, elles représentent malgré tout une aide financière non négligeable.
Augmenter la prime de participation
La prime de participation consiste à redistribuer une partie des bénéfices de l’entreprise aux salariés. Cette initiative est obligatoire pour les entreprises de 50 salariés et plus. Pour autant, les entreprises de moins de 50 salariés peuvent tout à fait décider de l’intégrer à leur politique de rémunération. En plus d’accroître le pouvoir d’achat des salariés, elle vise à les remercier collectivement pour leur implication. En cette période de crise, et afin d’aider vos salariés à faire face à l’inflation, vous pouvez tout à fait envisager de faire bénéficier vos salariés d’un supplément de participation. À noter que le montant de la participation est libre, mais ne peut pas dépasser le plafond annuel fixé par la loi.
Verser la prime d’intéressement
La prime d’intéressement est versée aux salariés lorsque les objectifs de l’entreprise sont atteints. Précisons qu’elle n’est pas obligatoire, cependant elle reste très symbolique. En effet, elle récompense les collaborateurs pour leurs performances. À travers le versement de l’intéressement, l’employeur reconnaît qu’il doit en grande partie la réussite de son entreprise à ses collaborateurs.
Proposer un PEE et/ou un CET
Bien que la participation et l’intéressement présentent l’avantage d’être disponibles en versement immédiat, ils ont pour vocation de permettre aux salariés de se constituer une épargne salariale. Ces deux primes peuvent être placées sur un Plan d’Epargne Entreprise (PEE), ou sur un Compte Épargne Temps (CET). Ces deux dispositifs possèdent de nombreux avantages pour les salariés. Le recours au PEE offre une fiscalité favorable et donne lieu à un abondement de la part de l’employeur. Le CET permet notamment aux salariés de monétiser leurs congés non pris afin de les percevoir sous la forme d’une rémunération immédiate ou différée.
Les loisirs et vacances
En cas de difficultés financières, le budget loisirs et vacances des ménages est souvent sacrifié. Par conséquent, si votre entreprise possède un CSE, il peut être intéressant de varier les activités sociales et culturelles (ASC) destinées à vos collaborateurs. Si vous le jugez nécessaire, n’hésitez pas à renforcer la communication interne afin de promouvoir les offres et avantages proposés. Ainsi, les salariés pourront entamer les démarches nécessaires pour en bénéficier. Concrètement, il peut s’agir de chèques vacances, de places de cinéma, parcs d’attractions, théâtre à tarifs réduits, ou encore d’offres promotionnelles chez des enseignes partenaires. Pour plus d’idées, nous vous invitons à consulter le guide du CSE.
Conclusion
Bien qu’assimilées à des dépenses, les solutions citées ci-dessus sont en réalité des investissements à répercussion hautement positive ! Il s’agit d’avantages sociaux à envisager sérieusement si vous souhaitez pérenniser vos équipes en place et assurer la stabilité de votre activité dans les mois à venir. Véritables boosters de politique RSE, ces alternatives participeront à :
- Oeuvrer pour le bien-être de vos salariés ;
- faire rayonner votre marque employeur ;
- fidéliser vos salariés
- participer à remettre du sens au travail ;
- développer un sentiment d’appartenance chez vos collaborateurs ;
- accroître l’implication et la motivation de vos équipes ;
- augmenter la productivité de vos salariés.
En résumé, pour une politique anti-inflation réussie, nous ne saurons que vous conseiller d’interroger vos salariés sur la nature de leurs besoins. En effet, il peut arriver de projeter des solutions qui ne sont finalement pas celles attendues par les principaux concernés. Cela permettra par ailleurs de renforcer le dialogue avec vos collaborateurs, mais aussi de les assurer de l’intérêt que vous leur portez.